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LA BIBLE DÉVOILÉE : Partie 5

par panthère58, vendredi 17 mars 2017, 21:15 (il y a 2596 jours) @ panthère58

:-) LA BIBLE DÉVOILÉE Résumé Partie 5

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© 2001

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© 2002 Éditions Bayard, traduction française

[image]
Format poche chez Gallimard, Collection Folio Histoire N°127
554 pages


Israel Finkelstein : Dirige l’Institut d’archéologie de l’université de Tel-Aviv ; il est coresponsable des fouilles de Megiddo.

Neil Asher Silberman : Est directeur historique au Centre Ename pour la présentation de l’archéologie et de l’héritage public de Belgique.

AUTRES LIENS :

1. Dossier Anton Parks :
http://www.orandia.com/forum/index.php?id=128348

2. Dossier VidéOrandia :
http://www.orandia.com/forum/index.php?id=129655

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INTRODUCTION

J’ai utilisé le format de poche de chez Gallimard, Collection Folio Histoire. Je vais résumer du mieux que je peux les 500 pages et plus, accompagné de :

. Mes commentaires subjectifs, mes spéculations factuelles, fantaisistes [en bleu]
(pour paraphraser Yann Vadnais dans le VOR1601001)
. Des extraits [en or]
. Des ajouts, précisions, références, des ajouts [entre parenthèses] pour contextualiser
. Mon résumé en [vert]
. Saut de texte dans l’extrait […]

Voici la façon de procédé des auteurs d’une façon globale : ils se réfèrent d’abord à la version de la Bible. Puis, ils présentent les diverses théories et explications traditionnellement reconnues des savants et de l’archéologie qui y sont associées, en contextualisant la mentalité qui les accompagne. Ensuite, ils les confrontent à la nouvelle archéologie plus rigoureuse depuis 1970.

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N.B.

Première Partie
L'HISTORICITÉ DE LA BIBLE
Chapitres 1 à 5

Deuxième Partie
L'ÉMERGENCE ET LA CHUTE DE L'ANCIEN ISRAËL
Chapitres 6 à 8

8. À l’ombre de l’empire
(842-720 av. J.-C.)
pp.298-339

En page 298 : La Bible offre une interprétation purement théologique du sort du royaume nordiste. En contraste, l’archéologie ouvre une perspective différente sur les événements survenus durant le siècle qui suivit la chute des Omrides.

On tombe carrément dans la géopolitique. Le royaume du Nord, d’Israël, de par sa prospérité et son développement, attire les convoitises des puissances qui l’entourent. Il doit faire face aux ambitions de Damas. Mais Damas, doit s’incliner devant plus puissant que lui, soit l’Assyrie. Puis l’Assyrie va plier les genoux à son tour devant Babylone. Et la Perse infligera le même sort à Babylone. Par la suite, viendra Alexandre le Grand et Rome. Comme Juda n’est pas encore un état constitué, il passe sous le radar et s’en tire à bon compte.

Lorsque les rois d’Israël acceptent d’être des vassaux, de payer tribut, tout va pour le mieux. Lorsqu’ils fomentent pour se libérer de leur joug, les choses se compliquent. Ainsi, le dernier roi, Osée, va mener à sa perte ce qui reste du royaume d’Israël ; il sera anéanti par l’Assyrie. De plus, l’Assyrie a comme politique de déporter les populations qu’elle vainc, et d’envoyer des migrants de son royaume pour les remplacer.

Je viens de résumer une bonne partie du reste du livre « La Bible dévoilée ». Car, suite à l’anéantissement d’Israël, Juda va prendre son envol. Mais lui aussi va se buter à la géopolitique et à plus puissants que lui. Sa propagande religieuse va lui faire connaître le même triste sort qu’Israël. Peu importe que son culte religieux soit fondé ou non. C’est sa foi en YWHW qui va lui permettre d’en réchapper. Aider, toutefois, par les Perses. Mais ce ne sera que partie remise.

En page 302 : Osée affiche extérieurement une loyauté indéfectible et offre à Salmanazar V un tribut, tout en fomentant un complot secret avec le roi égyptien pour préparer une révolte ouverte. Salmanazar V apprend ce qui se trame, il s’empare de la personne d’Osée, et envahit ce qui reste du royaume d’Israël. Au terme d’un siège de trois ans, Samarie est capturée, en 722 av. J.-C. Salmanazar V « déporta les Israélites en Assyrie. Il les établit à Halah et sur le Habor, fleuve de Gozân, et dans les villes de Médes » (2 R 17,6). L’histoire ne se termine pas avec la conquête et la déportation. Après avoir exilé les Israélites en Mésopotamie, les Assyriens introduisent de nouveaux colons en Israël…

Encore une fois, une partie de la population assyrienne (syrienne aujourd’hui) migre contre sa volonté. L’histoire se répète aujourd’hui sous une autre forme.

En page 308 : Ainsi, l’archéologie a fait une découverte que la Bible néglige de mentionner : le cœur même de la terre d’Israël a été occupé pendant une période prolongée.

En page 312 : À la lumière de ce fait, nous commençons à comprendre l’impact énorme exercé par l’impérialisme assyrien sur le cours des événements survenus dans le royaume d’Israël. L’essentiel de ce que la Bible attribue au poids de l’impiété ou à l’ambition des rois d’Israël résulte en réalité des aléas de la politique internationale.

En page 323 : Outre cette condamnation du riche et du puissant, Amos et Osée expriment une dénonciation acerbe des injustices sociales, de l’idolâtrie et des tensions domestiques que provoquent le commerce international et la dépendance envers l’Assyrie. […] Ces condamnations prophétiques, précieusement conservées par les disciples d’Amos et d’Osée, ont pris une dimension nouvelle après la chute du royaume d’Israël. Leurs critiques des riches et leur révulsion devant l’influence des modes de vie étrangers sur le peuple d’Israël présageaient le mouvement spirituel et social qui allait marquer d’un sceau indélébile la fabrication du texte biblique.

Ça implique que Juda a émergé avec l’apport des rescapés de la destruction d’Israël. Dans le fond, le royaume d’Israël se serait tout simplement déplacé en Judée. Voilà qui expliquerait en bonne partie l’émergence de Jérusalem, jusque-là fort discret.

En page 332 : Mais le sort final de la plupart – les dix tribus d’Israël – demeure à ce jour inconnu. Au début, les déportés ont certainement tenté de préserver leur identité en conservant leurs coutumes religieuses et en donnant des noms israélites à leurs enfants. Mais ils furent très vite assyrianisés et intégrés dans l’empire. Tout était fini. Deux siècles mouvementés venaient de s’achever en catastrophe. Le fier royaume du Nord, avec le gros de la population, était perdu pour l’histoire.

En page 333 : Mais l’échange de population fut loin d’être intégral.

En page 334 : En fait, la plupart des Israélites survivants demeurèrent sur place.

Pour assurer la production agricole. Sauf pour l’aristocratie, des soldats et des artisans, ainsi que des fauteurs de troubles.

En page 335 : La présence d’un nombre important d’Israélites qui résidaient encore dans les collines de Samarie, y compris dans la région méridionale de Béthel, mélangés à la nouvelle population importée par les Assyriens, jouera un rôle majeur dans la politique étrangère de Juda et dans le développement de l’idéologie biblique au VIIe siècle av. J.-C. […] Nous ne saurons jamais quel est le degré de véracité des documents, textes ou archives utilisés par les auteurs bibliques pour compiler leur version de l’histoire du royaume d’Israël. Ils ne cherchaient pas à proposer une histoire objective du royaume du Nord, mais plutôt à donner une « explication théologique » à une histoire déjà connue, du moins dans ses grandes lignes.

En page 337 : Il y avait certainement des prophètes nordistes – « qui prophétisaient faussement », comme le dirait la Bible – qui étaient proches des institutions royales de Samarie. Ce genre de matériau ne pouvait évidemment faire partie de la Bible, du moins dans la version que nous connaissons aujourd’hui. Si Israël avait survécu, une histoire parallèle, divergente et différente nous serait parvenue. Mais la destruction de Samarie par les Assyriens et le démantèlement des institutions royales imposèrent le silence à toute forme d’histoire concurrente. […] Du point de vue de Juda, au VIIe siècle av. J.-C., après la terrible destruction qui avait frappé le royaume du Nord, la morale de l’histoire est très claire. L’oraison funèbre d’Israël, qui suit la description de la chute de Samarie, la résume avec éloquence. Pour le deutéronomiste, l’apogée de l’histoire du royaume du Nord n’est ni dans les règnes d’Achab et de Jéroboam II, ni dans la tragédie finale, mais dans le résumé des fautes d’Israël et leur corollaire : le châtiment de Dieu.

Tiens, tiens, les auteurs font dans les théories conspirationnistes concernant la composition du matériau biblique !

En page 339 : Bien entendu, aujourd’hui, les découvertes archéologiques et les études de l’écologie locale démontrent que cette fin était inévitable. Si Israël fut détruit et si Juda survécut, c’est parce que, pour les ambitions impérialistes assyriennes, Israël, avec l’abondance de ses ressources naturelles et le dynamisme de sa population, constituait une proie infiniment plus attractive que le pauvre et inaccessible Juda.

Troisième partie
JUDA ET LA CRÉATION DE L’HISTOIRE BIBLIQUE
Chapitres 9 à 12

9. La transformation de Juda
(env. 930-705 av. J.-C.)
pp.343-374

En page 343 : Seule l’identification de l’époque et du lieu où fut initialement composée la grande saga historique de la Bible permet d’en comprendre la passion et le pouvoir. Notre récit aborde un tournant crucial de l’histoire littéraire et religieuse de l’humanité. En effet, c’est précisément la chute d’Israël qui va permettre à Juda de se transformer en un État complètement constitué, doué d’un clergé professionnel et de scribes instruits, seuls capables d’entreprendre une telle tâche.

Ce texte, c’est le noyau historique de la Bible, compilé à Jérusalem au cours du VIIe siècle av. J.-C. Juda ayant été le berceau de l’Écriture sacrée de l’ancien Israël, il n’est guère surprenant que le texte biblique mette un tel accent sur le statut particulier accordé à Juda dès les prémices de l’histoire d’Israël.

En page 344 : Cependant, nonobstant la prépondérance accordée à Juda dans la Bible, l’archéologie n’a rien découvert qui accrédite l’affirmation qu’avant le VIIIe siècle av. J.-C., cette région des hautes terres rupestre et écarté, bordée à l‘est et au sud par des steppes arides, ait joui d’une importance particulière. […] Rien n’indique que Juda ait été plus qu’un acteur marginal de la politique régionale avant la fin du VIIIe siècle av. J.-C.

En page 345 : Mais, vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C., il se passe quelque chose d’extraordinaire. Une suite de changements décisifs, dont la chute d’Israël, transforme soudain le paysage politique et religieux. La population de Juda grossit considérablement. Pour la première fois de son histoire, sa capitale, devenue un centre religieux national, se transforme en une métropole débordante d’animation.

En page 349 : L’affaire se corsa avec la mort de Yotam et le couronnement d’Achaz (743-727 av. J.-C.). La Bible juge ce malheureux Achaz avec une sévérité inhabituelle : le reproche qui lui est fait dépasse de loin l’accusation d’apostasie (2 R 16,2-4).

En page 350 : Ézéchias, fils d’Achaz, qui règnera à Jérusalem pendant vingt-neuf ans, entreprend une profonde réforme religieuse dans le but de restaurer la pureté et la fidélité à YHWH, oubliées depuis les jours du roi David. […] Seule l’accession au trône d’Ézéchias est en mesure de restaurer à Juda sa sainteté perdue.

L’a-t-elle déjà eu seulement ?

En page 373 : Mais il est difficile de discerner les traces des réformes religieuses d’Ézéchias dans les fouilles archéologiques. […] Cependant, il est indubitable qu’un changement radical s’est opéré à travers tout Juda sous le règne du roi Ézéchias.

En pages 350-351 : Pourtant, l’archéologie fait apparaître une situation sensiblement différente – dans laquelle l’âge d’or de la fidélité tribale et davidique envers YHWH, loin d’avoir constitué une réalité historique, aurait été en fait un idéal religieux tardif. […] L’idolâtrie du peuple de Juda ne s’écartait nullement d’un prétendu monothéisme antérieur. C’était en réalité la pratique culturelle du peuple de Juda depuis des siècles.

En page 351 : Or, comme nous l’avons vu, les preuves archéologiques de la monarchie unifiée ne sont qu’un vœu pieux.

En page 353 : David, Salomon et les membres suivants de la dynastie davidique régnèrent sur une région rupestre, isolée, marginalisée, qui ne présentait aucun signe apparent de richesse ni d’administration centralisée. […] Quant à la Jérusalem de David et de Salomon, elle n’était que l’un des nombreux centres de culte établis à travers le pays ; elle n’était en tout cas pas le centre spirituel de l’ensemble du peuple d’Israël.

Jérusalem, connut sous le nom d’Urushalim au XIVe siècle av. notre ère, capitale d’Abdi-Héba, n’aurait été qu’un hameau qui contrôlait quelques villages.

Voilà pourquoi je crois que la mention « Maison de David » trouvée à Tel Dan en 1993 ne correspond pas à ce David. Elle évoque autre chose de plus prestigieux. Une réputation qui date de la nuit des temps et qui se perpétue dans les traditions orales et qu’on a intégré aux écrits bibliques sous Josias.

Ici, les auteurs parlent de la similitude entre David biblique, hors-la-loi, et les Apirou. Possible qu’il ait conquis Jérusalem, mais une Jérusalem qui était loin de correspondre à la description biblique.

En page 358 : Du personnage historique de David, nous ne pouvons rien dire de précis. […] Tout cela prouve que la domination exercée par les institutions de Jérusalem – Temple et palais – sur les populations rurales de Juda était loin d’avoir la dimension suggérée par les textes bibliques.

Ma conclusion personnelle serait que la « Maison de David » ferait référence à l’Égypte prédynastique. Puisque les écrits bibliques ont puisé dans les traditions orales. Sinon, ça fait pitié comme lignée pour le Grand Monarque, si GM il y a. Dans mon livre, Pharaon ! GMP : Grand Monarque Pharaonique.

Les découvertes archéologiques faites à travers tout le pays de Juda, démontrent un culte très varié, comparable aux états voisins, dont faisait partie YHWH.

En page 361 : Ils [les hauts-lieux] faisaient partie des traditions immémoriales des habitants des collines de Juda, qui vouaient un culte à YHWH, mais aussi à une pléthore de dieux et de déesses bien connus, ou empruntés aux peuples voisins. Pour résumer, YHWH était vénéré de bien des façons – il était même parfois dépeint entouré d’une cour céleste : d’après le témoignage indirect (et terriblement hostile) des livres des Rois, dans les campagnes, les prêtres brûlaient régulièrement de l’encens sur les hauts lieux en l’honneur du soleil, de la lune et des étoiles.

Une cour céleste extraterrestre, devenu au fil du temps le panthéon grec, puis romain, pour nous occidentaux. Serait-ce là aussi le Christ, ses 12 apôtres et son entourage féminin ? La question se pose.

En page 362 : Nous possédons une ample moisson d’informations archéologiques et bibliques qui prouvent que le culte syncrétiste de YHWH florissait dans la ville même de Jérusalem à la même époque. […] Par conséquent, les terribles fautes commises par Achaz et les autres rois impies de Juda n’avaient rien d’exceptionnel.

En page 363 : À partir de l’an 720 av. J.-C., après la conquête de Samarie et la chute d’Israël, Juda était environné de provinces et de vassaux assyriens. Cette situation nouvelle était lourde d’implications. De siège d’une dynastie locale insignifiante, la citadelle royale de Jérusalem se transforma, en une seule génération, en centre nerveux, religieux et politique d’un pouvoir régional – en raison à la fois de développement internes majeurs et de milliers de réfugiés en provenance du royaume vaincu d’Israël. C’est ici que l’archéologie a joué un rôle inestimable en permettant d’évaluer la rapidité et l’ampleur de la soudaine expansion de Jérusalem.

Comment peut-on parler de monarchie divisée alors que Jérusalem, Juda, n’a jamais été dans le coup avant la chute du royaume d’Israël ?

En page 363 : C’est ici que l’archéologie a joué un rôle inestimable en permettant d’évaluer la rapidité et l’ampleur de la soudaine expansion de Jérusalem.

En page 364 : L’expansion fut réellement prodigieuse.

En page 366 : Dans le sillage des campagnes assyriennes dans le Nord, Juda vécut non seulement une soudaine croissance démographique, mais aussi une véritable révolution sociale. En un mot, le petit royaume devint un État pleinement constitué.

En page 367 : Sur quoi s’appuyait cette évolution vers la formation d’un État ? Il n’y a qu’une réponse possible : c’est que Juda [sous le roi Achaz] s’était mis soudain à coopérer avec – voire à s’immerger dans – l’économie de l’Empire assyrien.

Voilà, de mon point de vue, la véritable raison du dénigrement d’Achaz. Manassé subira le même sort, pour les mêmes raisons. L'idolâtrie, c'est de la poudre aux yeux.

En page 368 : Mais, après la chute de Samarie, en même temps que s’effectuait la centralisation de plus en plus effective du royaume de Juda, une attitude nouvelle, plus intransigeante, commença à se manifester à l’égard de la pratique et des lois religieuses. [conséquence directe de l’émergence de la Bible]

En pages 369 : Mais, dans ce cas également [naissance du monothéisme], la Bible nous propose une interprétation rétrospective des événements, et non une description exacte du passé.

En pages 369-370 : À un moment donné, vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C., une école de pensée vit le jour, qui se mit à proclamer haut et fort que les cultes des campagnes étaient impies, et que seul YHWH devait être honoré. Nous ignorons d’où provenait cette idée. Elle est présente dans le cycle des histoires d’Élie et d’Élisée (couchée par écrit bien après la chute des Omrides), mais on la trouve surtout dans les œuvres des prophètes Amos et Osée, qui officiaient dans le Nord au VIIIe siècle av. J.-C.

L’apport de réfugiés du royaume du Nord est à considérer. Des leaders qui, une fois à Jérusalem, vont continuer à alimenter les ambitions nationalistes mais en changeant la recette qui n’avait pas fonctionné pour le royaume d’Israël. Il fallait regrouper la population sous un seul culte pour être plus fort face à l’adversité. Et avoir une mainmise plus forte sur elle aussi. Mais les résultats ne seront pas différents. Les rois qui vont soutenir ce mouvement vont être glorifiés, les autres, fortement dénigrés.

En page 370 : Il est difficile d’évaluer leur pouvoir à l’intérieur du royaume. Initialement, ils paraissent n’avoir représenté qu’une infime minorité, mais ce sont eux qui, plus tard, ont produit et influencé le plus gros de l’historiographie biblique qui a survécu. Le moment était favorable : le développement de l’administration encourageait l’alphabétisation. Pour la première fois, les documents écrits se mirent à avoir plus de poids que les épopées ou les ballades transmises oralement.

En pages 370-371 : Il devient clair, à présent, que les passages des livres des Rois qui jugent de la piété ou de l’impiété des rois de Juda reflètent l’idéologie du « mouvement-du-YHWH-unique ». Si les partisans des modes traditionnels de cultes syncrétistes l’avaient emporté, nous aurions hérité d’une Écriture radicalement différente – ou de rien du tout. Car il était dans les intentions du « mouvement-du-YHWH-unique » de créer une orthodoxie incontestée du culte, et une seule et unique histoire nationale, centrée sur Jérusalem. Et ses partisans réussirent brillamment à tisser la trame de ce qui allait devenir les lois du Deutéronome et l’histoire deutéronomiste.

En page 371 : Les idées des groupes « YHWH-unique » incluaient un aspect territorial dans leurs revendications : la « restauration » de la dynastie davidique sur l’ensemble d’Israël, y compris les territoires du royaume du Nord vaincu, où, comme nous l’avons vu, un grand nombre d’Israélites ont continué de vivre après la chute de Samarie.

En pages 371-372 : On voit maintenant pourquoi l’idolâtrie provoquait la fureur des auteurs bibliques. Elle était le symbole d’un état chaotique et hétérogène de la société…

N’est-ce pas la même recette qu’on allègue au Nouvel Ordre Mondial ? Une nouvelle religion qui regrouperait celles existantes pour mieux contrôler les gens et asseoir leur pouvoir ?

10. Entre guerre et survie
(705-639 av. J.-C.)
pp.375-407

En page 403 : Le règne d’Achaz [743-727 av. notre ère] fut une période de prospérité sans précédent pour Juda, dont l’État atteignit pour la première fois [son] plein développement. Mais, en permettant la libre pratique religieuse des cultes traditionnels, il provoqua la colère de l’historien deutéronomiste. Dans les années qui suivirent, Ézéchias [727-698] n’eut pas d’autre choix que de marcher sur les pas de son père. À la mort de Sargon II sur le champ de bataille, Sennachérib lui succéda et l’Assyrie fut confrontée à des révoltes qui firent irruption dans plusieurs parties de l’empire. Soudain, la « restauration » d’un État panisraélite parut réalisable, surtout avec le concours de l’Égypte.

En page 404 : Ézéchias lança alors une réforme religieuse pour justifier la révolte et soulever la population. Malheureusement, la révolte contre l’Assyrie se révéla une décision imprudente qui aboutit à un désastre.

En page 384 : Jamais auparavant un roi judéen n’avait mis autant d’énergie, de compétence et de ressources dans les préparatifs d’une guerre.

En page 375 : Jamais décision plus fatidique n’avait été prise dans le royaume de Juda que celle du roi Ézéchias de se révolter contre l’Empire assyrien. Arracher son indépendance au brutal potentat de la région – lequel, à peine deux décennies auparavant, avait violemment démantelé le royaume d’Israël – exigeait des préparatifs économiques et militaires de grande envergure que seuls un pouvoir politique et une organisation étatique aboutis pouvaient prévoir et planifier. [...] Par conséquent, une purification du culte de YHWH était le seul moyen d’assurer cette victoire de Juda et de protéger son peuple de la destruction et de l’exil, qui avaient frappé la population impie du Nord.

Pieuse ou impie, même résultat !

En page 376 : Grâce à sa piété [Ézéchias], les Assyriens se retirent de Juda sans avoir pu conquérir Jérusalem. Mais des documents assyriens contemporains et l’archéologie moderne prouvent que l’interprétation théologique que fait la Bible de la rébellion de Juda contre l’Assyrie masque une réalité historique sensiblement différente.

En pages 393 : La seule foi en YHWH ne suffit pas à sauver le territoire d’Ézéchias de la colère vengeresse des Assyriens. […] Ézéchias avait hérité d’un royaume prospère ; Sennachérib le détruisit.

En pages 391-392 : Le second livre des Rois insiste sur le pouvoir protecteur de YHWH sur Jérusalem et ne mentionne que laconiquement la capture de « toutes les villes fortes de Juda » (2 R 18,13). Mais d’autres textes bibliques dévoilent l’horreur que représenta la campagne assyrienne pour ces infortunés Judéen, victimes du saccage systématique de la province, entreprise par Sennachérib. Ces passages, totalement absents de l’histoire deutéronomiste, se trouvent dans les œuvres prophétiques.

En pages 393-394 : Témoins des conséquences désastreuses de la révolte contre l’Assyrie, beaucoup de Judéens durent considérer la folle initiative d’Ézéchias, de purification religieuse et de confrontation avec l’Assyrie, comme une tragique erreur. Le clergé rural dut même affirmer qu’en réalité la destruction blasphématoire, ordonnée par Ézéchias, des hauts lieux vénérés, l’interdiction de rendre un culte à Asherah, aux étoiles, à la lune et aux autres déités, au même titre qu’à YHWH, avaient entraîné cette catastrophe. Comme nous ne possédons que la littérature des partisans du « mouvement-du-YHWH-unique », nous ignorons quels étaient les arguments de leurs adversaires.

En page 387 : Contrastant avec le récit biblique sur la délivrance miraculeuse de Jérusalem, les archives assyriennes contemporaines de l’événement brossent un tableau sensiblement différent du résultat de la révolte d’Ézéchias.

En page 379 : Mais, peu après, l’histoire se gâte avec l’accession du fils d’Ézéchias, Manassé [698-642], au trône de David. Alors que le pouvoir de YHWH aurait dû éclater aux yeux du peuple de Juda, le nouveau roi Manassé lui fait faire un demi-tour théologique radical (2 R 21,2-6).

En page 404 : Le long règne de Manassé fit triompher le pragmatisme et le syncrétisme. Il opta pour la collaboration avec l’Assyrie et la réintégration de Juda dans l’économie assyrienne de la région. Comme un phénix qui renaît de ses cendres, Juda se rétablit du traumatisme de la campagne de Sennachérib. […] Il n’est donc pas étonnant que lorsque les deutéronomistes prirent le pouvoir à Jérusalem, peu après la mort de Manassé, et se mirent à réécrire l’histoire du royaume, ils réglèrent leurs comptes. Le portrait qu’ils laissèrent de Manassé fit de lui le plus cruel de tous les rois et le pire de tous les apostats.

En page 380 : Ézéchias fut-il réellement aussi vertueux qu’on le dit, et Manassé, aussi mauvais ?

En page 394 : Ce que nous savons, en revanche, c’est que, en 698 av. J.-C., trois ans après l’invasion de Sennachérib, quand Ézéchias décéda et que son fils de douze ans, Manassé, monta sur le trône, le pluralisme religieux dans le pays de Juda – au territoire amplement amputé – fut restauré. Le second livre des Rois en dénonce le fait d’un ton outragé. Aux yeux de l’historien deutéronomiste, bien pire qu’un simple apostat, Manassé représentait le monarque le plus impie que le royaume de Juda eût jamais connu (2 R 21,3-7). Le livre des Rois ira jusqu’à lui attribuer la responsabilité de la « future » destruction de Jérusalem (2 R 21,11-15). […] La survie du royaume incombait à Manassé et à ses conseillers, qui étaient déterminés à redresser Juda. Cette mesure passait par la restauration d’un minimum d’autonomie… [dont la liberté du culte religieux dans les villages]

En page 395 : Il est en tout cas clair que son règne, fort long – cinquante-cinq ans – fut une période de paix pour Juda. Les cités et les villages établis durant son règne ont survécu jusqu’à la destruction finale de Juda, au siècle suivant.

On dirait que Juda n’est que le prolongement du royaume d’Israël. Même résultat final. Et, ce sera la destruction du Temple sous l’Empire romain.

En page 396 : Entre le VIIIe et le VIIe siècle av. J.-C., la superficie totale bâtie, et donc la population de la région, se multiplia par dix. Un tel développement résultait-il de la politique de Manassé ? C’est hautement probable.

En page 397 : Le programme de Manassé ne s’arrêtait pas aux problèmes immédiats de subsistances. Il visait à intégrer Juda dans le système d’échanges économiques international de l’Assyrie.

Alors que les deutéronomistes jugent sévèrement Achaz et Manassé, qui pourtant ont mis Juda sur la carte, et qu’ils élèvent Ézéchias, qui a mis en péril Juda, l’archéologie présent un autre point de vue.

Lien [Le roi biblique Ézéchias] : http://www.orandia.com/forum/index.php?id=131721
Extrait : > Une fouille archéologique livre un sceau qui nomme le roi Ézéchias

Le 2 décembre 2015, l’archéologue israélienne Eilat Mazar annonce avoir fait une découverte historique : l’empreinte du sceau au nom d'un roi de la Bible, Ézéchias, qui régnait à Jérusalem à peu près de -716 à -687… Allez prendre connaissance de ça sur le blog de Michael Langlois de l'Université de Strasbourg qui nous livre aussi son interprétation.

[image]

L'inscription en paléo-hébreu se lit :

«À Ézéchias (fils de) Ahaz, roi de Juda»

L'image de ce roi dans la Bible est positive. On le considère comme celui qui a entreprit une réforme religieuse à Jérusalem. Cependant, le fils d'Ézéchias, le roi Manassé est décrit dans la Bible comme un idolâtre qui vénérait des dieux astraux (Deuxième livre des Chroniques, chapitre 33, 5).

Son histoire est racontée dans le Deuxième livre des rois, chapitres 18 à 20, ainsi que dans le Deuxième livre des Chroniques, chapitres 29-32 (si vous vous intéressez à la chose, idéalement allez les relire.)

Notons en passant qu'une tradition préservée dans le Talmud raconte qu'il aurait pu être choisi comme le Messie, mais qu'il ne chanta pas la louange de Dieu et qu'il ne fut finalement pas choisi. (ça c'est mystérieux et très intéressant pour la suite… la Talmud a l'habitude d'être bref et de receler de nombreuses “pognes” comme on dit en québécois!) Serait-ce une allusion voilée au fait qu'il vénérait des dieux étrangers en plus du dieu national? Laissons la question ouverte parce qu'elle demande qu'on se mette le nez dans le Talmud, dans la langue originale et sur un forum on veut rester accessible.

Le sceau qui vient d'être trouvé porte une inscription en caractères paléo-hébreux (l'alphabet hébreu ancien qui a précédé celui qui est en usage actuellement), mais aussi deux symboles égyptiens, une divinité solaire et la croix ansée, (ânkh). Étonnant puisqu'Ézéchias est reconnu pour avoir été l'artisan d'une importante réforme religieuse. Quel est donc le sens de ce sceau qui dit bien «À Ézéchias…»

La découverte est importante puisqu'elle vient confirmer d'une part ce que les historiens savent déjà, que la région était sous l'emprise égyptienne, mais aussi que les autorités politiques du Royaume de Juda à Jérusalem connaissaient des divinités étrangères en plus du dieu national (et avec Manassé, le fils d'Ézéchias, même la Bible en parle, donc rien de bien secret là).

Pour moi, ce n’est pas étonnant puisque je définis la « Maison de David » deutéronomiste à la maison royale égyptienne primordiale. Ézéchias est dit de la lignée davidique. Et on connaît le discours ésotérique du Grand Monarque en lien avec Jésus qui serait de la « Maison de David » ! Grand Monarque Pharaonique ! Et ça s’inscrit bien dans l’essence même de la démonstration de ce livre « La Bible dévoilée ».

En page 403 : L’effondrement du royaume nordiste a suscité dans Jérusalem un fol espoir d’unifier toute la population israélite autour d’une même capitale, d’un même Temple et d’une même dynastie. Mais face aux puissants Assyriens, il n’y avait que deux solutions : oublier cet espoir et collaborer avec l’Assyrie, ou poursuivre une politique nationaliste en attendant le bon moment de se débarrasser du joug assyrien. Des enjeux élevés exigent des mesures extrêmes : le siècle assyrien fut témoin de renversements dramatiques d’une option à l’autre.

En pages 406-407 : Nous approchons maintenant du point culminant de l’histoire. Manassé décède en l’an 642 av. J.-C. Son fils Amon lui succède. […] Il ne s’écoule pas deux ans qu’un coup d’État éclate à Jérusalem, au cours duquel Amon est assassiné. […] Josias [à partir de 8 ans] règnera sur Jérusalem pendant trente et un an : il sera loué comme le roi le plus pieux de l’histoire de Juda, rivalisant en réputation avec David en personne. Durant son règne, les tenants du camp du « YHWH-unique » reprendront le pouvoir. Une fois encore, leurs convictions religieuses exaltées, et leur opinion tenace selon laquelle YHWH seul pouvait protéger Juda et la dynastie davidique des attaques de leurs adversaires devront s’incliner devant les dures réalités de l’histoire. […] Cette saga collective servira de fondation inébranlable à la Bible hébraïque telle que nous la connaissons aujourd’hui.

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L'ALERTE LAMBERT à Panthère
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