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LA BIBLE DÉVOILÉE : Partie 6

par panthère58, samedi 18 mars 2017, 18:42 (il y a 2589 jours) @ panthère58

:-) LA BIBLE DÉVOILÉE Résumé Partie 6

[image]
© 2001

[image]
© 2002 Éditions Bayard, traduction française

[image]
Format poche chez Gallimard, Collection Folio Histoire N°127
554 pages


Israel Finkelstein : Dirige l’Institut d’archéologie de l’université de Tel-Aviv ; il est coresponsable des fouilles de Megiddo.

Neil Asher Silberman : Est directeur historique au Centre Ename pour la présentation de l’archéologie et de l’héritage public de Belgique.

AUTRES LIENS :

1. Dossier Anton Parks :
http://www.orandia.com/forum/index.php?id=128348

2. Dossier VidéOrandia :
http://www.orandia.com/forum/index.php?id=129655

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INTRODUCTION

J’ai utilisé le format de poche de chez Gallimard, Collection Folio Histoire. Je vais résumer du mieux que je peux les 500 pages et plus, accompagné de :

. Mes commentaires subjectifs, mes spéculations factuelles, fantaisistes [en bleu]
(pour paraphraser Yann Vadnais dans le VOR1601001)
. Des extraits [en or]
. Des ajouts, précisions, références, des ajouts [entre parenthèses] pour contextualiser
. Mon résumé en [vert]
. Saut de texte dans l’extrait […]

Voici la façon de procédé des auteurs d’une façon globale : ils se réfèrent d’abord à la version de la Bible. Puis, ils présentent les diverses théories et explications traditionnellement reconnues des savants et de l’archéologie qui y sont associées, en contextualisant la mentalité qui les accompagne. Ensuite, ils les confrontent à la nouvelle archéologie plus rigoureuse depuis 1970.

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Troisième partie
JUDA ET LA CRÉATION DE L’HISTOIRE BIBLIQUE

11. La grande réforme
(639-586 av. J.-C.)
pp.408-438

En page 408 : Le règne de Josias, roi de Juda, représente l’apogée de la monarchie israélite... Pour les historiens deutéronomistes, de toute évidence, le règne de Josias fut un moment métaphysiquement à peine moins important que l’alliance entre Dieu et Abraham, l’Exode, ou la promesse divine faite au roi David. Le roi Josias n’était pas simplement considéré comme le digne successeur de Moïse, de Josué et de David : en réalité, les traits de ces grands personnages – tels que nous les dessine le récit biblique – semblent avoir été dépeints en fonction de Josias, sorte d’idéal vers lequel tend, dirait-on, toute l’histoire d’Israël. […] Descendant de David de la seizième génération, on ne sait pas grand-chose de son enfance.

Quelle est la réelle valeur de Josias ? Et, tiens, tiens, ça ne vous rappelle pas l’histoire inconnue de l’enfance de Jésus du Nouveau Testament ? On a l’impression que le Nouveau Testament s’est inspiré de l’Ancien à bien des égards. Nouvelle alliance = nouveaux conflits = nouvelles guerres = nouvelles Croisades = nouvelle Inquisition = nouvelle manipulation = nouvelle migration... D’une histoire usurpée à l’autre. Peuple élu ; race aryenne (Grands Blonds). On peut dire, avec du recul, que Moïse Thériault portait bien son prénom.

En page 409 : Se fondant sur la doctrine contenue dans le « livre de la Loi », miraculeusement « découvert » dans le Temple de Jérusalem, il se lance dans une campagne d’éradication de toute trace de culte étranger ou syncrétiste, y compris les hauts lieux ancestraux des campagnes. Secondé par ses milices puritaines… […] Le rôle messianique de Josias s’inscrit dans le cadre théologique du nouveau mouvement religieux, qui transforme radicalement la signification du terme « israélite » et qui établit la fondation du judaïsme futur et du christianisme.

En pages 409-410 [le livre de la Loi] : Ce mouvement est responsable de la production des documents clés de la Bible – principalement d’un livre de la Loi, découvert pendant les travaux de rénovation du Temple de Jérusalem, en 622 av. J.-C. dans la dix-huitième année du règne de Josias. Ce document, identifié par de nombreux savants comme la version originale du Deutéronome, déclencha une révolution dans le rituel et redéfinit intégralement l’identité israélite. Il expose les principes fondamentaux du monothéisme biblique, qui se résument au culte exclusif d’un seul Dieu en un seul lieu, à l’observance nationale des fêtes principales de l’année juive (la Pâque, les Tabernacles) et à toute une série de règlementations diverses, qui concernent le bien public, la justice et la moralité personnelle. Ce mouvement privilégié et formateur cristallisa la tradition biblique telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Cette découverte d’un livre de la Loi qui fait sensation, et qui est identifié comme la version originale du Deutéronome, ça ressemble au passeport de « 9/11 » trouvé dans les débris du WTC.

En page 411 : Alors, pour débarrasser le culte de YHWH des scories qui l’encombraient, Josias initie la réforme la plus radicale et la plus puritaine de l’histoire de Juda.

Avec le Nouveau Testament, c’est drôle on retrouve la même affaire et ça s’appelle : l’Inquisition !

Après Ézéchias, Juda pense avoir trouvé son Grand Monarque en Josias. Mais, ça va finir en queue de poisson pour une deuxième fois. À 8 ans sur le trône, il aurait été plutôt une marionnette des deutéronomistes et de leur propagande religieuse montée de toute pièce et à laquelle on adhère en l’élevant au niveau du « sacré ». D’ailleurs, on a le sacré facile. On a peut-être une leçon à apprendre dans tout ça avec notre espoir en un Grand Monarque contemporain, dont le discours est fondé sur la lignée davidique qui s’avère être une supercherie du VIIe siècle avant notre ère, et que l’on perpétue sans jugement ni discernement. Je le répète, si Grand Monarque il y a, ses origines sont égyptiennes et atlantéenne, voire reptilienne, Gina’abul. (Enki / Serpent biblique / Osiris / Horus) N’en déplaise.

En page 415 : L’histoire tout entière d’Israël est parvenue à un tournant décisif. Enfin, après des siècles d’impiété, Josias s’est levé pour racheter les fautes passées et conduire le peuple d’Israël sur le chemin de la rédemption par l’observance correcte de la Loi. La découverte du livre de la Loi fut un événement d’une importance capitale pour l’histoire ultérieure du peuple d’Israël.

Dans la pièce de théâtre du Nouveau Testament, on donne le même rôle à Jésus. Le Nouveau Testament, c’est du copié-collé.

En page 416 : L’apparition d’un code légal écrit à cette époque correspond bien aux données archéologiques qui témoignent d’un essor sans précédent de l’alphabétisation à cette même époque dans Juda. […] Cette alphabétisation à grande échelle prouve que, à l’époque, Juda avait atteint le stade d’un état pleinement constitué. Auparavant, le royaume ne possédait pas la capacité de produire des textes bibliques aussi étendus.

Donnez une plume et du papier à quelqu’un de mal intentionné et il détruira le monde, ou son monde.

En page 417 : Pour résumer, il paraît évident que le livre de la Loi dont parle le second livre des Rois n’est autre que la version originale du Deutéronome. On peut en conclure sans risque d’erreur que, loin d’être un document ancien découvert par surprise, il fut en réalité composé au VIIe siècle av. J.-C., immédiatement avant ou pendant le règne de Josias.

Un coup d’œil sur la scène internationale durant les dernières décennies de l’histoire de Juda nous aidera à mieux saisir les raisons pour laquelle le Deutéronome a pris la forme qu’il a adoptée – et pourquoi il suscita une telle émotion. Une revue des sources historiques et archéologiques montrera comment les changements majeurs relatifs à l’équilibre du pouvoir dans la région ont joué un rôle central dans la formulation de l’histoire biblique.

En page.419 : Le retrait [apparemment pacifique] des Assyriens des régions du Nord avait créé une situation qui, aux yeux des Judéens, ressemblait à un miracle longtemps attendu. Un siècle de domination assyrienne prenait fin ; l’Égypte se préoccupait surtout de la zone littorale ; le « méchant » royaume nordiste d’Israël n’existait plus. La voie semblait libre pour l’accomplissement des ambitions judéennes.

En page 420 : La mise en œuvre d’un plan aussi ambitieux nécessitait une propagande énergique et convaincante. […] C’est la raison vraisemblable qui incita les auteurs et éditeurs de l’histoire deutéronomiste, et d’une partie du Pentateuque, à rassembler et à refondre les traditions les plus précieuses du peuple d’Israël. : il fallait préparer le peuple pour le grand combat national qui l’attendait.

Embellissant et développant les histoires rapportées dans les quatre premiers livres de la Torah, ils combinèrent les variantes régionales des récits des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, en les situant dans un contexte étrangement ressemblant à celui du VIIe siècle av. J.-C. ; l’accent fut résolument mis sur la domination de Juda sur l’ensemble d’Israël.

Abraham qui vient d’Ur / Harân / Canaan = Enki qui quitte cette région pour l’Atlantide et l’Égypte.

En pages 420-421 : Le puissant et prospère royaume du Nord à l’ombre duquel Juda avait vécu pendant deux siècles, présenté comme le renégat impie du véritable héritage israélite, fut condamné comme une aberration historique.

En page 421 : On ignore si quelque version antérieure de l’histoire d’Israël avait été composée à l’époque d’Ézéchias, ou par des factions dissidentes, sous le long règne de Manassé, ou si l’ensemble de l’épopée fut entièrement composé durant le règne de Josias. Cependant, il est clair que nombre de personnages décrits par l’histoire deutéronomiste – tels que les très pieux Josué, David et Ézéchias, et les apostats Achaz et Manassé – sont présentés comme des miroirs, en positif ou en négatif, de Josias. De ce point de vue, l’histoire deutéronomiste n’a rien d’historique, dans le sens moderne du terme. Sa composition répondait à un double besoin, idéologique et théologique.

En page 421 : Au VIIe siècle av. J.-C., pour la première fois dans son histoire, Israël réunissait un public populaire avide de telles œuvres.

En page 422 : L’époque de Josias fut véritablement messianique.

Comme nous autres, ils attendaient le retour du Grand Monarque. Ne sommes-nous pas, nous aussi, dans une telle période ?

En page 426 : Les lois du Deutéronome représentent un nouveau code de droits et de devoirs individuels pour le peuple d’Israël. Elles ont également servi de fondement à un code social universel et à un système de valeurs communautaires qui perdurent – même aujourd’hui.

Ben oui, lapidation en moins, ou presque. En option.

En page 432 : Une chose est sûre : l’historien deutéronomiste, qui voyait en Josias un messie doté de l’onction divine, destiné à racheter Juda et à le mener à la gloire, avait toutes les peines du monde à justifier une catastrophe historique d’une telle ampleur [Josias meurt en s’opposant au pharaon Neko II] : incapable de fournir une explication valable, il ne fit qu’une brève allusion, des plus énigmatiques, à la disparation de Josias. Les ambitions de ce roi messie furent brutalement anéantie sur la colline de Megiddo. Des décennies de renouveau spirituel et de nouvelles espérances s’effondrèrent subitement.

Bien, on peut dire que le Grand Monarque s’est fait couper la tête effectivement à Jérusalem. Que c’est chose faite, et non à venir. Mais, aux dernières nouvelles, il ne l’a pas retrouvée…

En page 433 : Après la mort de Josias, le vaste mouvement de réforme s’effondra. Les quatre derniers rois de Juda [Joachaz, Joiaquim, Joiakîn et Sédécias] – trois d’entre eux sont les fils de Josias – ne méritent, d’après la Bible, qu’un jugement négatif : ce sont des apostats. […] Il [Joachaz] rétablit les coutumes idolâtres des anciens rois de Juda. […] Mais, en Mésopotamie [605 av. notre ère], le pouvoir des Babyloniens ne cesse de grandir.

Babylone met en déroute les forces égyptiennes qui prêtaient main forte à l’Assyrie affaiblie. L’armée babylonienne déferle ensuite vers l’Occident.

En page 434 : Le piège de Babylone se referme sur Jérusalem. Le pillage et la dévastation complète de l’état judéen est l’objectif avoué des Babyloniens [597 av. notre ère].

En page 435 : L’aristocratie et le clergé de Jérusalem – que l’idéologie deutéronomiste enflammait – furent exilés. Ils laissaient derrière eux une maison royale totalement désemparée et de plus en plus déchirée par des conflits internes. Mais ce n’est qu’une première étape avant le démembrement complet de Juda. Nabuchodonosor remplace Joiakîn l’exilé par son oncle Sédécias, apparemment plus docile. C’est une erreur car, quelques années plus tard, Sédécias complotera avec les rois voisins pour fomenter une rébellion. Comme un personnage de tragédie grecque, Sédécias prononce sa propre condamnation à mort, mais aussi celle de sa cité. En 587 av. J.-C., Nabuchodonosor marche sur Juda à la tête d’une formidable armée et met le siège devant Jérusalem. C’est le début de la fin.

En page 436 : Il ne reste plus que Jérusalem. La description biblique des dernières heures de la capitale est terrifiante…

En page 437 : C’est donc la fin. Quatre cents ans d’histoire de Juda viennent de s’achever dans le feu et le sang.

En page 438 : La religion et l’identité nationale du peuple d’Israël auraient pu être englouties dans cet immense désastre. Par miracle, elles ont, l’une et l’autre, survécu.

Merci aux Perses ! Israël en doit une à l’Iran…

12. L’exil et le retour
(586-440 av. J.-C.)
pp.439-464

En page 439 : À cette époque [postexilique], et en ces différents lieux [Jérusalem et Babylone], les textes du Pentateuque et de l’histoire deutéronomiste subirent des additions et des révisions importantes, avant de prendre ce qui sera en gros leur forme définitive. Dans le même temps, le peuple d’Israël développa de nouveaux types d’organisation communautaires et de modes cultuels, à Babylone et à Jérusalem, au cours des VIe et Ve siècles av. J.-C. Ils serviront de fondation au judaïsme du Second Temple et, par conséquent, au christianisme primitif.

En page 440 : Dans cette phase dramatique de l’histoire d’Israël, le rideau se lève sur une scène de désastre et de désespoir. Jérusalem est détruite, le Temple, en ruine, le dernier roi davidique, Sédécias, aveugle et exilé, ses fils assassinés. De nombreux membres de l’élite judéenne ont été déportés. La situation est désespérée. Selon les apparences, l’histoire du peuple d’Israël s’achève sur une note amère et irréversible. Les apparences sont trompeuses.

Fin de l’histoire deutéronomiste : de nouvelles sources bibliques prennent le relais : Jérémie pour ce qu’il advient en Juda, Ézéchiel, en ce qui concerne l’exil à Babylone. Et celles qui reviennent d’exil : Esdras, Néhémie, Aggée et Zacharie.

En page 441 : La Bible ne livre que de maigres détails sur l’existence menée par les exilés durant les cinquante ans qui suivirent. [il faut se référer à aux œuvres prophétiques]

En page 442 : Mais l’histoire allait soudain prendre un tournant radical qui allait ramener nombre d’exilés à Jérusalem. En 539 av. J.-C., le puissant Empire babylonien s’effondre et tombe aux mains des Perses. Durant sa première année de règne, Cyrus, fondateur de l’Empire perse, passe un décret [entériné par la suite par Darius] en faveur de la restauration de Juda et du Temple…

En page 440 : Nous devons désormais modifier notre terminologie : le royaume de Juda devient Yahoud (Judée) – le nom araméen de la province au sein de l’Empire perse – et le peuple de Juda, les Judéens, se nommeront dorénavant les Yehoudim, les Juifs.

En page 444 : Grâce à ces mesures, la construction du Temple se termina en l’an 516 av. J.-C. Ainsi débute, dans l’histoire du judaïsme, la période dite du Second Temple. Commence alors une période sombre d’un demi-siècle, jusqu’à l’arrivée à Jérusalem du scribe Esdras de la famille du grand prêtre Aaron, revenu de Babylone probablement en 458 av. J.-C.

En page 445 : Esdras – l’un des personnages les plus influents des temps bibliques – disparaît alors de la scène. Le second héros de l’époque s’appelle Néhémie [à partir de 445 av. notre ère], l’échanson d’Artaxerxès, le souverain perse.

En page 446 : Les mesures prises par Esdras et Néhémie dans la Jérusalem du Ve siècle av. J.-C. jetèrent les fondations du judaïsme du Second Temple par l’établissement d’une frontière claire entre le peuple juif et ses voisins, et par l’imposition très stricte des lois deutéronomiques. Leurs efforts – et les efforts des autres prêtres et scribes judéens pendant un siècle et demi d’exil, de souffrances, d’examens de conscience et de réhabilitation politique – donnèrent naissance à la Bible hébraïque sous sa forme presque définitive.

En pages 447-448 : De la catastrophe au révisionnisme historique

Joiakîn, le roi exilé de Jérusalem en 597 av. J.-C., chef de la communauté judéenne de Babylone, représentait le dernier espoir d’une restauration future de la dynastie davidique. Seulement voilà : après la catastrophe qui venait de se dérouler, la conviction autrefois incontestée qui voulait qu’un héritier de David accomplît[isse] la promesse divine ne pouvait plus être prise à la lettre. C’est pourquoi le besoin désespéré d’une réinterprétation des événements historiques des décennies précédentes, qui entraîna une réécriture de l’histoire deutéronomiste originelle. Il fallait bien expliquer pourquoi cette rédemption tant attendue, que le règne du grand-père de Joiakîn, Josias, avait fait espérer, ne s’était pas manifestée.

En page 448 : Le récit [l’histoire deutéronomiste originale] aurait dû s’achever sur la rédemption divine et la béatitude éternelle. Or, la catastrophe avait frappé.

En page 449 : Il devenait donc nécessaire d’actualiser l’histoire deutéronomiste.

En page 450 : Il fallait répondre à la question théologique suivante : comment se faisait-il que la droiture et la piété de Josias aient été impuissantes à prévenir la brutale et sanglante conquête de Jérusalem ?

D’où la deuxième version de l’histoire deutéronomiste sous le sigle Dtr². Josias ne peut que « retarder » l’inévitable. Et on trouve un coupable : Manassé.

En page 451 : Dtr² procède en outre à un retournement théologique. […] La droiture d’un seul monarque davidique ne suffisait plus à assurer la destinée d’Israël.

En page 452 : Mais c’est la droiture du peuple tout entier – sur la base des droits et des devoirs individuels précisés par le Deutéronome – qui est devenue le facteur déterminant pour le futur d’Israël. Ainsi réécrite, l’histoire deutéronomiste subordonne habilement l’alliance avec David à l’accomplissement de l’alliance passée entre Dieu et le peuple d’Israël au Sinaï.

En page 456 : Les textes et l’archéologie contredisent donc l’idée qu’entre la destruction de Jérusalem, en 586 av. J.-C., et le retour des exilés à la suite de l’édit de Cyrus en 538, Juda, abandonné, était resté en ruine.

Contrairement aux Assyriens, les Babyloniens n’ont pas repeuplé Juda avec des immigrés. Et quand est-il de la lignée davidique ?

En page 459 : Sheshbaççar qui rapporta les trésors de l’ancien Temple et posa les fondations du nouveau, est un personnage énigmatique. La Bible l’appelle « le prince de Juda » (Esd 1,8), ce qui le fit identifier par de nombreux savants avec le Shéneaççar du premier livre des Chroniques (1 Ch 3,18), l’un des héritiers du trône davidique, voire avec le fils de Joiakîn.

Zorobabel, qui termina la construction du Temple en 516 av. J.-C., descendait apparemment lui aussi de la lignée de David. Pourtant, il ne dirigeait pas seul, mais avec le grand prêtre Josué. En outre, détail significatif, il disparaît du récit biblique après l’achèvement des travaux du Temple. Il est bien possible que son lien avec la maison de David ait suscité des espérances messianiques dans Juda (Ag 2,20-23), qui aurait poussé les autorités perses à le rappeler pour des raisons politiques. À partir de ce moment-là, la famille davidique n’a plus joué aucun rôle dans l’histoire de Yehoud. […] La monarchie ne jouant plus aucun rôle, le Temple devint le centre de l’identité du peuple de Yehoud. Ce fut l’un des tournants les plus cruciaux de l’histoire juive.

Oups. En apparence, la lignée davidique disparaît… Dans le Nouveau Testament aussi ! Copié-collé ?

Juda sous une double autorité : perse et cléricale.

En page 460 : L’une des fonctions principales de l’élite cléricale dans la Jérusalem postexilique fut la production permanente d’une littérature sacrée destinée à souder la communauté et à lui fixer ses propres normes en opposition à celles des populations voisines. Les savants ont remarqué que la source « P » ("sacerdotale"), dans le Pentateuque, est, en grande partie, postexilique. Autre détail d’importance, la rédaction finale du Pentateuque date également de cette période.

En page 461 : Mais d’autres circonstances – tels le déclin de la maison de David et l’appartenance à un vaste empire – contraignirent les auteurs postexiliques à reformuler les anciennes notions. [en particulier l’histoire de l’Exode et d’Abraham]

En pages 463-464 : Les derniers rédacteurs de la Genèse ne se contentèrent pas de simples métaphores. […] Les origines urites d’Abraham ne sont mentionnées que dans deux versets isolés (Gn 11,28-31 – un document « P »), alors que son histoire paraît davantage centrée au nord de la Syrie, dans la ville araméenne d’Harân. Mais, aussi brève soit-elle, la simple mention d’Ur suffisait : attribuer à Abraham Ur comme lieu de naissance revenait à conférer un énorme prestige à l’ancêtre putatif de la nation. Ur était déjà renommée comme lieu de savoir d’une très haute antiquité, mais son prestige augmenta considérablement dans toute la région lorsque, vers le milieu du VIe siècle av. J.-C., elle redevint un important centre religieux grâce au roi babylonien – un chaldéen – Nabonide.

En page 464 : Pour résumer, l’étape postexilique de la rédaction de la Bible récapitulait nombre de « thèmes clés » qui appartenaient à l’étape précédente, celle du VIIe siècle av. J.-C., dont nous avons abondamment parlé tout au long de cet ouvrage. La similitude des réalités et des besoins de ces deux époques en fut la cause.

Épilogue
L’AVENIR DE L’ISRAËL BIBLIQUE
pp.465-470

Les auteurs font un rapide survol de ce qui advient de Juda et du rôle que joue la Bible après le retour des exilés jusqu’à la destruction du deuxième Temple sous l’Empire romain.

. La province de Yehoud est conquise par Alexandre le Grand en 332 av. J.-C. et reprend son nom de province de Judée.

. Le texte sacré de la Bible hébraïque sera traduit petit à petit en grec, au bénéfice de ceux qui étaient éloignés du Temple de Jérusalem.

. Les Maccabées, mouvement de résistance associé à l’idéologie deutéronomique de Josias, obtiennent un certain succès dans leurs ambitions territoriales traditionnelles.

. Sous le roi Hérode, la Bible joue le rôle important du seul pouvoir unificateur et le cœur scripturaire d’une communauté profondément éprouvée.

. Ce qui différencie la Bible des épopées grecques, perses, mésopotamiennes.

. Le pouvoir formateur de la Bible sert de fondement à l’élaboration définitive de la Mishnah et du Talmud du judaïsme rabbinique.

. Le christianisme qui va reconnaître l’Ancien Testament au point d’en faire sien.

En page 468 : L’espoir de rédemption future, qui ne se rattachait plus à la dynastie terrestre et défunte de David, continuait à vivre dans les attentes prophétiques et messianiques du judaïsme, et dans la croyance chrétienne de l’appartenance de Jésus à la lignée davidique. La mort poignante du prétendu messie Josias, bien des siècles auparavant, avait défini un modèle qui allait perdurer à travers l’histoire.

Ainsi en est-il aujourd’hui de la croyance en un Grand Monarque. La seule crédibilité que j’accorde à cette attente messianique, repose sur le fait que la « Maison de David » origine de l’Égypte, et non pas de la fabulation des biblistes judéens.

En pages 469-470 : Cependant, l’intégrité de la Bible et, en fait, son historicité, ne se fondent pas sur les preuves historiques d’événements ou de personnages donnés…

APPENDICES
pp.473-514

A. THÉORIES RELATIVES À L’HISTORICITÉ DES PATRIARCHES

Diverses hypothèses mais :

En page 479 : La recherche archéologique moderne démontre que Juda, berceau de l’importante source yahviste (« J »), était quasiment dépeuplé jusque vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C. […] Enfin – et ce n’est pas le moins important – le récit des patriarches grouille de références aux réalités de la monarchie tardive, en particulier celles du VIIe siècle av. J.-C.

B. EN QUÊTE DU SINAÏ

En page 483 : Le pouvoir d’évocation de l’histoire biblique du mont Sinaï a toujours favorisé les tentatives d’identification des lieux mentionnés. Cependant, elles appartiennent plus au domaine du folklore ou des spéculations géographiques qu’à celui de l’archéologie.

C. AUTRES THÉORIES DE LA CONQUÊTE ISRAÉLITE

En page 495 : Ces trois théories sur la conquête israélite – invasion unifiée, infiltration pacifique, révolution sociale – adoptaient sans ambages le concept biblique selon lequel l’émergence de l’ancien Israël avait été un phénomène unique et singulier dans l’histoire du pays. Les nouvelles découvertes des récentes décennies ont bouleversé cette notion.

D. L’ERREUR DE L’ARCHÉOLOGIE TRADITIONNELLE RELATIVE AUX PÉRIODES DAVIDIQUE ET SALOMONIQUE

En page 499 : Nous ne le répéterons jamais assez : la reconstitution traditionnelle de la nature de la monarchie unifiée d’Israël – son étendue territoriale, sa culture matérielle et sa relation avec les pays voisins – est entièrement fondée sur l’interprétation d’un unique verset biblique ! Et, qui plus est, d’un verset [1 R 9,15] qui fait l’objet d’une réelle polémique. Car nous ignorons s’il s’inspire de sources authentiques contemporaines à Salomon ou de réalités plus tardives.

En page 501 : Il faut bien se garder de traiter le matériau biblique comme s’il s’agissait d’un monolithe. Il n’est pas à prendre ou à rejeter d’un seul bloc. Deux siècles de recherches bibliques ont prouvé que le matériau biblique doit être évalué chapitre par chapitre, parfois même verset par verset. La Bible a incorporé des matériaux historiques, non historiques, et quasi historiques, qui sont parfois très proches dans le texte. La recherche biblique consiste essentiellement à distinguer les passages historiques de ceux qui ne le sont pas en faisant appel à des considérations linguistiques, littéraires et extra-bibliques. Par conséquent, la réponse est : oui, il est permis de douter de l’historicité d’un verset et d’accepter celle d’un autre, en particulier dans le cas d’Omri et d’Achab, dont les royaumes furent décrits dans des textes contemporains assyriens, moabites et araméens.

E. IDENTIFICATION DU RÈGNE DE MANASSÉ DANS LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES

En page 504 : Puisque Manassé se comportait en bon vassal de l’Assyrie, aucune guerre ne fut à déplorer à son époque et, par conséquent, aucune destruction majeure. Son règne fut pacifique. Mais ce qui fut très positif pour le peuple de Juda l’est infiniment moins pour les archéologues. En effet, nous n’avons aucune couche que nous puissions dater avec certitude de son époque.

F. QUELLES ÉTAIENT LES LIMITES DU ROYAUME DE JOSIAS ?

En page 505 : Or, de nouvelles analyses archéologiques indiquent que les avancées territoriales de Josias devaient être, en réalité, infiniment plus modestes.

En page 512 : Il n’en reste pas moins que les découvertes archéologiques ne révèlent pas une annexion permanente ou de grande ampleur de nouveaux territoires dans le royaume de Juda.

G. LES FRONTIÈRES DE LA PROVINCE DE YEHOUD

En pages 513-514 : Par conséquent, Yehoud était une province de dimension modique, recouvrant principalement les monts de Judée dans un rayon d’environ vingt-cinq kilomètres au nord et au sud de Jérusalem, un territoire qui ne faisait pas beaucoup plus que deux mille kilomètres carrés. Il était bien plus petit que le royaume de Juda à la fin du VIIe siècle av. J.-C.

En page 514 : Les découvertes archéologiques confirment cette reconstitution textuelle des frontières de la province de Yehoud.

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L'ALERTE LAMBERT à Panthère
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