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POUR EN FINIR AVEC LE KARMA

par Rama, mardi 28 juin 2016, 15:42 (il y a 2864 jours)

Le terme « KARMA » signifie action en sanscrit. Le concept évoque soit une sorte de Loi cosmique de rétribution de nos actions imposée par une autorité « supérieure », soit émanant d’un principe mécanique régissant l’énergie universelle des actions humaines, selon certains critères fixes et déterminés. Grosso modo, la loi du karma se résume en cette croyance : toute bonne action sera récompensée, toute mauvaise action sera châtiée. En Orient, dans les cultes hindouistes et bouddhistes, le bilan comptable de la vie humaine s’actualise dans la prochaine vie ou sur un certain nombre de réincarnations, certaines fautes pouvant être étalées sur de longues séries d’incarnations. En occident, dans les cultes post-abrahamiques, l’actualisation du bilan existentiel de toutes nos vies ouvre les portes à la fin des temps, soit aux royaumes des cieux ou à ceux de l’enfer, nos actes étant garant de nos peines ou bonheurs dans nos après-vies.

Si la loi du Karma répond à une dynamique mécanique de rétribution cosmique des actions selon leurs valeurs régionales, pourquoi cette loi devrait-elle s’appliquer dans l’après-vie plutôt que dans notre réalité, comme il en est pour les autres lois qui gouvernent notre monde, comme la loi de la gravité par exemple, qui n’a pas besoin d’attendre la venue d’un autre univers pour s’appliquer.

Pusiqu’il faut bien admettre que cette loi de rétribution ne fonctionne pas dans notre réalité, de nombreuses bonnes actions demeurant non récompensées et d’innombrabres actes répréhensibles demeurant impunis, nous devons admettre les concepts de Karma ou la dualité Paradis/Enfer pour finalement établir une relation de causes/effets, actions/réactions aux agissements personnels des êtres humains, . Si la relation causale ne s’applique pas dans notre réalité elle s’appliquera dans une autre.

Nous ne sommes pas tenu de souffrir pour évoluer, car peu importe le cheminement de nos vies nous évoluerons quoiqu’il arrive, point final, dans le bonheur comme dans le malheur. L’évolution est une force indépendante de l’émotivité humaine, nous évoluerons à travers chacune de nos expériences, peu importe comment nous la considérerons. La notion de Karma qui récompense et châtie, élève ou abaisse, selon le poids de nos actions, va à l’encontre de cette Loi évolutive. L’évolution est linéaire et inéluctable dans sa progression, la simplicité se complexifie, les étapes se succèdent dans un ordre précis et les transformations se réalisent dans le sens unilatérale du développement et de l’amélioration. La loi de l’évolution ne va pas d’amélioration en régression au gré du mérite comportemental des espèces, elle pousse toujours l’espèce à manifester des potentiels latents ou à produire de nouveaux potentiels latents, les individus régressifs en terme d’évolution sont éliminés du processus évolutif, leur karma est arrêté par la loi de l’évolution qui semble t-il est la plus forte des deux.

La loi de l’évolution pour l’homme opère de la même manière qu’elle régit le développement des espèces. Selon le statut évolutif de nos programmations personnelles, nous vivrons en fonction d’accroître et de perfectionner l’état de ces programmations. Quel que soit celui ou celle que nous soyons, nous partons avec un acquis et nous développerons plus ou moins intensément cet acquis. C’est aussi simple que cela. Il n’y a aucune dette à rembourser, aucun péché à racheter, aucun ciel à gagner. Nous possédons déjà la vie éternelle.

Nous sommes surchargés de mémoires qui selon l’activation des unes et l’inertie des autres nous poussent à poser des actions bonnes ou mauvaises selon bien sûr les valeurs établies dans la civilisation concernée. Nous n’agissons pas en vertu de principes immanents, mais selon des programmations neurologiques reposant sur des bases mémorielles culturelles très puissantes qui détermineront notre appréhension de la réalité et l’interprétation que nous en feront, dans une société nous expieront le poids de notre karma, dans une autre nous investirons dans l’espoir du paradis à la fin de nos jours. Comme la pose de chacune de nos actions reposent sur de multiples mémoires culturelles qui influenceront et conditionneront nos réactions, l’individu porte une responsabilité limitée sur la totale autonomie de ces choix. Envisager la possibilité de certaines influences « supérieures » dans les comportements humains provenant par exemple de dieux, d’anges ou de démons, ces entités apparaissant en corrélation avec les concepts de Karma et de Paradis, soutire à l’homme une nouvelle portion de son autonomie.

Actuellement chaque être humain assume existentiellement 100 % de son karma, alors que chacun de ses comportements sociologiques est conditionné par des programmations liées aux mémoires de la race, et aux mémoires de son espèce. Nous assumons un crédit exagéré au regard de la responsabilité de nos actions. Nous sommes encore une fois arnaqués complètement par les maîtres de la comptabilité karmique.

Le concept de réincarnation dans les civilisations orientales a servi la même fonction que le stéréotype ciel/enfer dans les sociétés occidentales. La loi du Karma dans les deux cas impose dans les comportements humains une polarité dualiste dans l’estimation et la valorisation de nos comportements. Il y aura des actes bons, et il y aura des actes mauvais. Il y aura le bien, et il y aura le mal. Certaines actions nous attirerons des bienfaits, d’autres des souffrances certaines. Et bien entendu on nous dira ce qui est bien et ce qui est mal, par exemple qu’il est mal de penser voler un riche, mais qu’il est louable de désirer la mort des infidèles ou des ennemis de l’État. Selon le développement terroriste ou subtil des tyrannies, les notions de bien et de mal seront plus ou moins souples ou rigides, chacune reproduisant l’histoire des dominations et des soumissions passées. Les deux concepts en réalité n’ont qu’une seule finalité : perpétuer la domination de ces tyrannies.

Les deux concepts KARMA et PARADIS/ENFER sont les facettes d’une même médaille, le développement divergeant du même mensonge, cosmique. Le but de ces concepts n’est pas de donner du sens à nos existences déplorables, mais de légitimer les principes de domination et de soumission qui dominent le développement des civilisations depuis l’émergence de l’humanité sur cette planète. Le Karma oriental repose sur une comptabilité de crédit, le client souffrant pour racheter une dette passée issue de vies antérieures dont on le rend responsable sur parole. Le pauvre client, sans aucune conscience d’un quelconque contrat de remboursement de ses dettes existentielles antérieures, entreprendra sa nouvelle vie de misères en espérant que ces malheurs suffiront à effacer cette dette dont il ignore tout des tenants et aboutissants. Comme marché de dupe… Dans la tradition judeo-chrétienne, nous retrouvons cette même comptabilité d’amortissement d’un crédit ancestral où nous devons assumer les dettes d’un ancêtre mythique qui nous aurait légué un fardeau originel expliquant la moindre de nos souffrances. À cette comptabilité de crédit s’adjoint dans les cultes abrahamiques une comptabilité de débit qui nous arnaque doublement. En effet les chrétiens particulièrement apprennent aussi à souffrir pour gagner leur futur paradis où ils pourront se tenir à la droite ou à la gauche de Jésus. Ces gens là apprennent à souffrir afin d’accumuler, croient-ils, un capital de grâce qui assurera leurs droits de passage au paradis. Les chrétiens ne font pas uniquement que rembourser leurs crédits karmiques et ceux de leurs ancêtres, contrairement aux hindous. Ils ont la possibilité d’acheter des indulgences ou d’investir dans leur futur salut. Dans une sorte de troc où interviennent bien entendu les représentants sacerdotaux des théocraties en place, la comptabilité céleste liée au karma peut entretenir certaines relations avec une comptabilité plus terre a terre. L’argent dans certaines conditions bien normalisées peut racheter bien des péchés, consommés ou non, sous certaines circonstances il est possible d’acheter son ticket pour le paradis. En occident le pêcheur peut capitaliser sur son salut.

En réalité ces concepts de Karma et de Paradis ne sont que des fables visant à faire accepter à des populations soumises et dominées leurs conditions esclavagistes difficiles où elles sont dépouillées de tout pouvoir et de toute harmonie. En adhérant à cette croyance que nos souffrances peuvent racheter nos fautes passées ou nous acquitter le droit d’entrée au Paradis, nous apprenons à apprécier les désagréments de nos existences, nous apprenons à accepter nos souffrances qui deviennent légitimes, intégrées, voire attendues.

Il n’y a aucune dette à rembourser si ce n’est celle de l’esclave envers son maître qui l’a bien châtié pour qu’il puisse acquérir sa liberté. Les deux principes du Karma et du paradis permettent de retourner invraisemblablement les rôles et responsabilités du maître et de l’esclave. L’esclave assume courageusement son statut et ses souffrances pour rembourser les fautes d’un ancêtre ou pour acquérir un bonheur potentiel par ses misères. Alors que le maître peut s’enorgueillir de contribuer au rachat existentiel des péchés assumés par son esclave qui, grâce à sa tyrannie, pourra gagner une prochaine vie plus facile ou racheter ses crimes et ceux de ses ancêtres. Dans cette optique les souffrances imposées par le maître deviennent nécessaires au salut de l’esclave.

En réalité nous sommes des êtres libres à moins que nous nous enfermions nous-mêmes dans les cellules de ces fausses croyances.

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