Drainville a nommé une présidente en conflit d’intérêts, sel

par Jeromec, jeudi 14 décembre 2023, 14:55 (il y a 701 jours) @ Jeromec

Ouain ça ca brasser... ça dépend pour qui...

Les profs vont adorer la nouvelle.... du nouveau Super Minisse de l'éducation des écoles fermées...

https://www.ledevoir.com/politique/quebec/803781/comite-d-experts-drainville-nomme-pres...

Drainville a nommé une présidente en conflit d’intérêts, selon doyens et oppositions

La nomination de la directrice du Département d’éducation de la TELUQ, Caroline Brassard, à la tête d’un comité d’experts qui doit majoritairement approuver des formations offertes par la TELUQ suscite l’indignation des partis d’opposition et des doyens, qui y voient de sérieux risques de conflits d’intérêts.

En nommant Mme Brassard à la présidence du CAPFE — le Comité d’agrément des programmes de formation à l’enseignement —, le ministre de l’Éducation « a fait fi d’à peu près toutes les règles de base en termes de consultations, d’éthique, de prise en considération des conflits d’intérêts », a lancé mercredi la professeure Julie Desjardins, qui préside l’Association des doyens et directeurs pour l’étude et la recherche en éducation au Québec (ADEREQ).

« Le conflit d’intérêts est évident », a aussi observé la députée libérale Marwah Rizqy. « À ce moment-ci, je pense que Mme Brassard devrait se récuser. »

Bernard Drainville a ressuscité le 1er décembre le CAPFE, qui a entre autres pour mission d’approuver les programmes de formation à l’enseignement. Ce comité d’experts doit traiter de façon « impartiale, juste et équitable » les demandes à propos de la création de ces nouveaux programmes.

Or, le cabinet du ministre de l’Éducation a ouvertement affirmé qu’il recréait le CAPFE parce qu’il souhaite « reconnaître de nouvelles voies accélérées d’enseignement pour favoriser la qualification du personnel enseignant non légalement qualifié ». Il existe actuellement cinq voies rapides de ce type. Trois d’entre elles sont offertes par la TELUQ.

Dans une réponse transmise au Devoir par courriel, Mme Brassard a affirmé qu’elle avait l’intention de se retirer « de tout échange en lien avec les programmes offerts par la TELUQ », conformément au code d’éthique et de déontologie du CAPFE. Sollicité à propos de son choix de nommer Mme Brassard à la tête du CAPFE, le cabinet du ministre Drainville a, de son côté, renvoyé Le Devoir au ministère de l’Éducation. Celui-ci n’avait pas répondu à nos questions en fin de journée mercredi.

Mme Brassard a aussi déclaré au Devoir qu’elle avait renoncé à être membre de l’ADEREQ. Elle a expliqué qu’il y avait, selon elle, une « incompatibilité » dans sa présence aux deux instances.

Un conflit plus important

Sauf que son retrait de l’ADEREQ est loin d’apaiser les craintes des recteurs. « C’est plus que ça, le conflit d’intérêts », a observé la présidente Desjardins.

La double fonction de Mme Brassard — à la direction du Département d’éducation de la TELUQ et à la tête du CAPFE — suscite des inquiétudes, exprimées par plusieurs doyens au cours des derniers jours. « Quand les universités ont des questions, des projets à développer, elles vont s’adresser au CAPFE. […] Mme Brassard va donc se retrouver dans un poste clé pour avoir accès à de l’information sur toutes les universités », a expliqué Julie Desjardins. « Donc, il y a quelque chose de très troublant dans le fait qu’elle maintienne son poste de direction de département et qu’elle ait accepté la présidence du CAPFE. »

Cette dernière fonction requiert une indépendance. « Il ne faut pas que tu aies une longueur d’avance », fait valoir Mme Desjardins. Elle souligne au passage que l’ADEREQ n’avait pas soumis la candidature de Mme Brassard lorsqu’elle a été sollicitée par le ministre Drainville. « Nous, on a proposé plusieurs noms pour la présidence, des gens de grande qualité, avec un parcours exemplaire. Le ministre a choisi d’aller vers une personne qui, à mon avis, n’a été soumise par aucune instance », a-t-elle déclaré. C’est là que M. Drainville a, selon elle, fait fi des règles les plus élémentaires en matière de consultation et d’éthique.

« Indépendant, neutre et objectif » ?
La nomination de Mme Brassard à la présidence du CAPFE irrite aussi les partis d’opposition. « De toute évidence, M. Drainville n’a pas compris l’objectif d’avoir un comité indépendant, neutre et objectif », a déclaré Mme Rizqy, en qualifiant l’exercice de « mascarade ». « Tu ne peux pas être juge et partie, c’est une règle de base », a-t-elle souligné.

« Le ministre de l’Éducation nomme juste des gens qui pensent comme lui, c’est inquiétant ! » a aussi réagi Ruba Ghazal, responsable solidaire en matière d’éducation. « L’encre est à peine séchée sur le projet de loi 23 qu’on constate déjà comment le ministre compte imposer ses vues au milieu de l’éducation. On redoutait la centralisation et la concentration des pouvoirs, on en a au jour 1 de la réforme Drainville le meilleur exemple possible », a également lancé le porte-parole du Parti québécois en matière d’éducation, Pascal Bérubé.

Mme Ghazal a par ailleurs rappelé que les anciens membres du CAPFE avaient démissionné en bloc lors du dépôt de la réforme Drainville. Ceux-ci estimaient qu’il était impossible pour eux de travailler de manière rigoureuse. Ces ex-membres « n’auraient jamais accepté de niveler la formation par le bas », a-t-elle affirmé.